Vibrations sensuelles
A l'heure où je délaisse un peu mon blog, voilà un titre qui ne manquera pas d'attirer mes lecteurs potentiels en quête de sensations printanières.
Samedi était la journée porte ouverte du Conservatoire où junior étudie la guitare. Il s'éclate et c'est le seul lieu d'apprentissage où il ne fasse pas de la résistance passive. Il est bon le bougre, mais ceci est une autre histoire. Depuis quelques années, il participe à un orchestre de guitares qui le sort un peu de sa tendance écran...total! D'ailleurs à force de bronzer devant les écrans, il est blanc comme un navet. Mais je m'éloigne de mon sujet.
Donc en bonne maman dévouée, je sacrifie ma grasse matinée du samedi pour le conduire à son audition/répétition publique et baver d'admiration devant tant de créativité adolescente ( fière comme un bar tabac la mother quand même!).
Porte ouverte ça veut dire aussi que les portes sont ouvertes, n'est ce pas? Wouahou je suis subtile ce matin!
Donc je passe un moment à rentrer dans les salles de cours et me délecter ou m'attendrir devant tous ces apprentis musiciens, grands et petits, déjà virtuoses ou laborieux débutants. Etant moi même passée par ce genre d'école jusqu'à un âge avancé ( violon, solfège, piano, chant, flûte à bec alto, choeur, danse classique) je me replonge dans une ambiance que j'adore et me prend à rêver revenir étudier un instrument pour le plaisir. Le violon fut pour moi une catastrophe musicale, mais à 7 ans peut on déjà percevoir que le travail acharné peut mener au sublime? Je n'étais pas une enfant prodige. Le piano pendant quasi 10 ans, un long chemin laborieux atteignant rarement le sublime. Le reste étant des friandises qui me laissent un agréable goût de nostalgie, mais aussi de reviens-y! Ces dernières années, avant que le tabac n'ait raison de mes aigus de diva vieillissante, j'adorais venir prendre mon cours hebdomadaire de chant, au milieu de toutes ces sonorités croisées et de cette effervescence de ruche sympaphonique.
J'ai eu de la chance, question tests d'instruments, puisque ma fille et mon fils ainé ayant tâté du hautbois et du saxophone, je pouvais m'essayer à en sortir un son plus ou moins mélodieux. Je m'étais même acheté une flûte traversière dans une brocante et arrivais à en sortir quelques mélodies faciles, pour le plaisir. En fait quand j'écoute de la musique, je me prends à rêver pouvoir jouer de l'instrument qui m'émeut le plus. C'est comme ça d'ailleurs que j'ai fait du chant. Un corps instrument que je trimballerais partout! Total pied!(j'ai déjà écrit un texte sur le chant ICI)
Et mon rêve non réalisé était jusqu'à samedi de jouer du violoncelle. Souvent je lance à qui veut l'entendre que j'apprendrai le violoncelle dès que je serai à la retraite ou que j'aurai le temps. Tout comme apprendre à piloter un hélicoptère mais c'est plus cher et nettement moins réalisable quand même. Autant m'envoler avec la musique.
Pourquoi le violoncelle? Parce que le son qui s'en échappe est enveloppant, rond et chaud, proche de la voix humaine (qui me lâche en ce moment), parce que c'est un instrument qui fait corps avec son interprète et qui vibre à l'unisson des 2 corps réunis. Quand je vous disais que c'était d'une sensualité folle! Je m'imaginais m'asseoir sur la chaise et accueillir cet engin rebondi, respirer au rythme de ses vibrations et lui transmettre les miennes par le jeu léger ou soutenu de l'archet sur ses cordes! Wouahou, ça devient torride là presque! Un vrai duo d'amour fantasmé!
Et bien j'ai réalisé mon rêve...et je veux apprendre à jouer du violoncelle...un jour...peut être! Je suis rentrée en Cathiminie dans la salle de cours une fois tous les apprentis et auditeurs partis. Les 2 enseignants rangeaient les différents violoncelles, et je leur ai demandé s'il y avait un âge pour apprendre à jouer de cet instrument. Le plus âgé des 2 m'a proposé de m'essayer à faire vibrer l'instrument, et je me suis lancée.
Quelques minutes délicieuses!! Juste le jeu de l'archet, tendrement posé sur chaque corde l'une après l'autre, avec les conseils avisés du prof. Légère et court vêtue en cette journée printanière, j'étais un peu gênée de devoir écarter autant les jambes pour accueillir cet instrument contre moi. La tête posée sur le haut du manche, la main gauche sur la caisse ( pas question de tenter une note avecles doigts sur les cordes, mon expérience de violoniste en herbe me laissant méfiante quand à la subtilité harmonieuse du son produit). Et voilà le prof qui corrige la position de mon corps, aide mes épaules et mon dos à se détendre, me parle de faire corps avec l'instrument. Il allège ma main sur l'archet et enfin, enfin... je vibre à l'unisson du violoncelle. Charmée, captivée et émue d'être celle qui le faisait ainsi résonner et vibrer tout comme je résonnais et vibrais à l'intérieur. Une espèce de jubilation qui a du transparaitre puisque les 2 enseignants m'ont laissé faire un long moment et sourire à mes commentaires enthousiastes. Ils m'ont tout deux salué d'un "A bientôt" qui peut être se transformera un jour en un "bonjour! je veux prendre des cours!"