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Cathiminie, d'ici d'ailleurs et d'autre part...
8 novembre 2009

Ce que le jour doit à la nuit

couverture_khadraVoilà je l'ai enfin lu, je l'ai malheureusement fini! Conseillé depuis plusieurs mois par une amie pied noir, je flirtais avec ce livre sans parvenir à l'approcher. Mais aujourd'hui, je lui déclarerai ma flamme!!

Oui, c'est excessif peut être, mais je le suis déjà tant, qu'un peu plus un peu moins ne fera pas de différence!

Yasmina Khadra a écrit d'autres ouvrages encensés par la critique, mais celui ci ne figure pas aux meilleures places. Ça m'est égal, moi je sais pourquoi je l'ai aimé, et je voudrais déjà le relire. Je lis, relis et relie souvent les livres qui me parlent d'une part de moi!

Celui là, je le garderai parmi ceux qui me parlent de ma terre, dont je ne connais ni les parfums, ni les contours, ni les sons, ni les couleurs! Peut être ai je cette terre dans un coin de ma mémoire, et que parfois elle se rappelle à moi et me fait plonger dans une recherche effrénée de sensations à jamais inconnues et perdues!

Au delà de l'histoire romanesque qui sert de fil conducteur , l'auteur ou son personnage ( oui oui sans "e" au bout, Yasmina Khadra est un homme) rend compte de sa place d'algérien introduit, devrais je dire intégré parmi les français. Il doit être né dans les années 30, comme ma mère et mon père, à la différence qu'eux étaient algérois alors que le "héros" du roman vit dans l'Oranie. Mais peu m'importe. Paysages, vie quotidienne, différences de culture, ressemblance et divergences de mode de vies des différentes communautés sont décrits dans ce livre avec une précision qui m'a fait maintes fois rêver de faire mes bagages et de partir visiter ce pays qui m'a vu naître. Mais y comprendrais je ce que fut son âme, ce que furent ses déchirures, ce que sont ses nostalgies et ses silences? Khadra, écrit tout cela, et je m'y suis plongée avidement d'abord, puis par petites touches, tant j'essayais de saisir ce qui a pu aboutir à cette guerre et à cet exil ( ou exode?) des français d'Algérie.

Prendre partie ou pas? Mais est ce possible, et l'auteur le montre bien. Je me suis retrouvée dans ses incertitudes, moi qui fut si peu bercée des souvenirs de là bas! A l'adolescence, je pris partie pour l'Indépendance de l'Algérie, en pleine révolte contre mes parents qui entretenaient une haine latente contre les arabes. Je me suis documentée, j'ai cherché, j'ai écrit aussi sur ce sentiment de déracinement qui me hante encore. Et là, dans ce roman, dans ces mots écrits par un algérien, j'y ai trouvé quelques réponses. Il serait trop long de publier ici les passages qui m'ont le plus parlé, au delà de l'histoire romanesque, mais je remercie Yasmina Khadra d'avoir écrit cet ouvrage, qui aide à saisir ce que fut l'Algérie dite française, et l'amour/haine qu'elle a pu engendrer ici ou là bas! 

Le héros Jonas/Younes ne pouvait prendre parti mais comme je le comprends, comme j'ai souffert avec lui, me suis je émerveillée avec lui, me suis je interroger avec lui et ai je imaginé ce que fut la vie de mes arrières grands parents, grands parents et parents qui vécurent, et pour certains moururent, là bas. Les algériens récupérèrent leur territoire et leur histoire, les français y perdirent leur terre, et pour certains -dont mes parents- en oublièrent leur histoire. Ai je un devoir de mémoire à ma façon, en m'intéressant ainsi à cette terre que je ne connais pas?

voyages du passé

Elle est de nulle part,

Mais elle est de partout.

De Sicile à l'Espagne,

De l'Alsace à l'Allemagne,

Terres de ses ancêtres,

Qui tentaient l'aventure,

D'une terre promise,

Où le ciel brillerait

Des lumières de la gloire,

De la paix retrouvée.

Sa terre a disparu dans les gouffres profonds

Des mémoires blessées à jamais cadenassées.

D'une ville toute blanche douloureusement quittée,

A l'autre ensoleillée,

Aux multiples accents, aux musiques étranges,

Avec pour seul lien aux histoires du passé,

La splendeur de cette mer, la Méditerranée.

De routes en chemins,

Du blanc de sa naissance,

Au bleu de la mer et du ciel,

en passant par le rouge brique des maisons du Nord,

Elle est nommée française,

Malgré tous ses chemins .

Sa terre est sans visage,

Mais elle n'est pas sans nom,

Il repose quelque part tout au fond de son coeur.

Elle ne vient de nulle part,

Mais elle sait que bientôt,

Le nom de cette terre brillera de lumière,

Résonnera d'échos,

Soufflera son parfum

Éveillera ses sens,

Et lui fera trouver les racines de sa vie.

L'Algérie!   

écrit  le 29.09.2005

 

 

 

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Commentaires
M
J'ai terminé ce roman l'année dernière à l'automne, et il m'a habitée très longtemps...Ce qui touche à l'Algérie m'émeut énormément, et plus encore depuis que nous y sommes allés, avec mes parents il y a presque 4 ans, sur les lieux de leur enfance (maison, école...) C'était magique !!!<br /> J'ai lu depuis quelques autres romans ayant pour toile de fond l'Algérie, mais c'est vrai que celui de Khadra reste dans mon coeur ...en attendant le film qui sortira en 2010 !!!<br /> Cordialement<br /> NB : magnifique, le poême
J
l'efficace Google m'a permis d'accéder à ton blog et à cet enfiévré commentaire de l'ouvrage de Khadra.<br /> C'est un roman que j'ai aussi lu avec beaucoup d'émotion, avec une tension durable, celle de découvrir le même pays que le mien, la même période (ou presque) que la mienne, mais racontée par l'Autre.<br /> Et je n'ai pas été déçu car sa description de la relation entre pieds-noirs et algériens est plus chaleureuse et plus complice, mais sans souci de plaire, que ce qu'en rapportent ces historiens français qui caricaturent à outrance cette période.<br /> Un constat amer: ce sont les Algériens qui racontent le mieux la coexistence entre les deux communautés, ces liens faits comme le dit Jean Brune de"cette haine qui ressemble à l'amour".<br /> Cette haine que tu as discerné chez tes parents est à dater précisément dans cette tranche 1954-62, entièrement occupée par le terrorisme sauvage, la répression dure, les drames vécus de part et d'autre et qui creusaient inexorablement le fossé...précisément voulu par ceux qui avaient choisi ce mode de lutte.<br /> Je voudrais réagir encore et encore à ton message, mais je crains de trop investir ton espace privé qu'est ce blog, sans y avoir été invité!<br /> Dernier mot: j'ai trouvé très beau, très prenant, ce poème...
B
ton émotion est palpable au fil du récit. A te lire, on comprend que Terre des anc^tres n'est pas un vain mot mais une quête.<br /> <br /> PS: ah "la salsa du démon" et ton dernier billet :-)
C
au hasard,je préfère ce qui coïncide! mon choix de lire ce roman maintenant, ce que je n'avais voulu faire au moment où cette amie me l'avait conseillé, vient de toute cette polémique en France autour de l'identité nationale. ça me donne la nausée et en même temps cela réveille peut être les consciences, en tout cas la mienne. La ségrégation nationaliste devrait on appeler cette campagne! Quant au texte que tu nommes "poème" merci pour le compliment, j'en rosis de plaisir. Je ne vais pas bouder mon plaisir!
A
...il est de toi ou extrait du bouquin (que je n'ai pas lu)<br /> en tout cas il est magnifique!
Cathiminie, d'ici d'ailleurs et d'autre part...
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